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Jules Michelet, né le à Paris et mort le à Hyères, est un historien français.
Libéral et anticlérical, il est considéré comme étant l'un des grands historiens du XIXe siècle bien qu'aujourd'hui controversé. Il a également écrit différents essais et ouvrages de mœurs dont certains lui valent des ennuis avec l'Église et le pouvoir politique. Parmi ses œuvres les plus célèbres de l'époque, Histoire de France, qui sera suivie d'une non moins monumentale Histoire de la Révolution[1].
Jules Michelet, issu d'une famille catholique venant à la fois de Picardie et des Ardennes, naît au 14 rue de Tracy dans une église déconsacrée (dépendant d’un ancien couvent de religieuses de Saint-Chaumont) occupée par l'imprimerie paternelle qui y produit à cette époque des assignats[2]. Il est le fils unique de Jean François Furcy Michelet, maître-imprimeur ruiné par le décret de Napoléon du 5 février 1810 qui limite sévèrement le nombre des presses parisiennes[3] et emprisonné pour dettes impayées en 1808, et d'Angélique Constance Millet, femme pieuse et austère originaire d'une famille paysanne de Renwez, un village des Ardennes[4].
Initié par son père au travail de l'imprimerie, Jules a la possibilité d'entrer à l’Imprimerie impériale où une place lui était offerte. Cependant, son père refuse, préférant s’imposer des sacrifices pour l’envoyer étudier à l'institution Mélot, tenue par Mr Mélot, un ancien maître d’école de campagne qui lui apprend le latin, de 1809 à 1812, puis au lycée Charlemagne, dans la classe de troisième où il a pour maître Andrieu d'Alba[3] jusqu’à 1816. Jules y poursuit des études de lettres. Licencié ès lettres le 6 juillet 1818, il peut entrer comme répétiteur à l'institution Briand. Docteur ès lettres le 27 août 1819, il est reçu troisième à l’agrégation des lettres le 21 septembre 1821[5].
Après avoir fait des suppléances au lycée Charlemagne, il est nommé professeur d’histoire au Collège Sainte-Barbe-Rollin le 13 novembre 1822.
Cette période est des plus favorables pour les érudits et les hommes de lettres en France, et Michelet a de puissants appuis en Abel-François Villemain et Victor Cousin, entre autres. Bien qu’il ait des idées politiques fermes que lui a transmises son père – un républicanisme fervent teinté de romantisme libre-penseur –, il est d’abord et avant tout un homme de lettres et un enquêteur sur l’histoire du passé. Il appartient à cette école qui pense que l’histoire doit être avant tout un cours d’enseignement philosophique, et ses premiers ouvrages sont des manuels scolaires destinés, en premier lieu, à ses élèves. Il publie tout d’abord Tableau chronologique de l’histoire moderne de 1453 à 1739 en 1825, puis Tableaux synchroniques de l’histoire moderne de 1453 à 1648 en 1826. Son ouvrage suivant, Précis d’histoire moderne, publié en 1827, est un livre solide et soigné, meilleur que tout ce qui est paru auparavant, écrit dans un style sobre et néanmoins captivant. Le 3 février de la même année, il est nommé maître de conférences de philosophie et d'histoire à l’École préparatoire, future École normale supérieure[6].
Les événements de 1830, qui portent au pouvoir ses professeurs Abel-François Villemain et François Guizot, permettent à Michelet d'obtenir la place de précepteur royal de la princesse Clémentine puis, en octobre, celle de chef de la section historique aux Archives nationales ainsi que le titre de professeur suppléant de Guizot à la Faculté des Lettres de Paris. Cela lui donne accès à une riche documentation historique et lui permet d'étayer et d'approfondir ses idées[7].
En 1831, son Introduction à l’histoire universelle se démarque des ouvrages précédents par le style. Elle met en évidence ses capacités de synthèse et son talent d’écrivain, ainsi que ses étranges qualités de visionnaire qui font réfléchir, mais qui le rendent aussi moins digne de confiance en tant qu’historien. Il y expose sa vision de l’histoire comme un long combat de la liberté contre la fatalité.
Peu après, il commence son œuvre majeure, l’Histoire de France, qui va l'occuper pendant les trente années suivantes. Il accompagne cette production de nombreux autres livres, surtout d’érudition, tels que :
Ces ouvrages, et principalement les Origines du droit français, sont écrits dans la première manière de Michelet, c’est-à-dire dans un style concis et énergique, capable de donner relief aux sujets les plus arides et de revivifier le passé. Il dit de lui-même : « Augustin Thierry avait appelé l’histoire narration ; Guizot, analyse ; je l’appelle résurrection ».
Depuis janvier 1834, suppléant de Guizot, il professe des cours à la Sorbonne à forte tonalité anglophobe, avivée par son voyage en Angleterre d'août à septembre qui le met en contact avec la révolution industrielle et la misère ouvrière urbaine. Il fait de l'Angleterre la préfiguration de l'Europe, voire du monde futur[8].
1838 est une année très importante dans la vie de Michelet. Il est dans la plénitude de ses moyens, ses études ayant nourri chez lui son aversion naturelle envers les principes d’autorité et les pratiques ecclésiastiques, et à un moment où l’activité accrue des jésuites suscite une inquiétude réelle ou feinte, il est nommé à la chaire d’histoire au Collège de France, donnant sa leçon inaugurale le 23 avril devant le ministre de l'Instruction publique Salvandy[9]. Assisté de son ami Edgar Quinet, il commence une violente polémique contre cet ordre impopulaire et les principes qu’il représente, polémique qui range leurs conférences, surtout celles de Michelet, parmi celles qui avaient à l’époque le plus de succès. Les textes de ses conférences, plus religieuses qu’historiennes ou littéraires, parurent dans trois livres, où il dénonçait la trahison de l’Église romaine face au peuple :
Ces livres ne sont pas encore empreints du style apocalyptique qui, en partie emprunté de Lamennais, caractérise les derniers ouvrages de Michelet, mais ils contiennent en prémices la presque totalité de son curieux credo éthique, politique et religieux – un mélange de romantisme[10], appuyé par les arguments les plus excentriques et par une grande éloquence.
Le clergé fut assez puissant pour faire interdire ses cours, et sa carrière publique en fut définitivement brisée, puisqu’il ne récupéra jamais son professorat.
Lors de la révolution de 1848, Michelet, au contraire de nombreux autres hommes de lettres, n’accepte pas d’entrer dans la vie politique active, bien que l’occasion lui en soit offerte. Les débordements de cette révolution, les tirs de la troupe sur le peuple notamment, le convainquent que la démocratie ne sera possible que lorsqu’une foi sera définie et enseignée à l’ensemble des citoyens.
Il se consacre avec plus de force à son travail littéraire. Outre la reprise de sa grande Histoire de France, momentanément interrompue au sixième volume au règne de Louis XI, il entreprend et termine, pendant les années qui séparèrent la chute de Louis-Philippe et l’établissement définitif de Napoléon III, une enthousiaste Histoire de la Révolution française.
Le coup d’État de Napoléon III a pour conséquence de resserrer le contrôle des voix qui critiquent le clergé et la royauté. Ainsi, une décision ministérielle d'avril 1852 destitue Michelet de son cours au Collège de France, ainsi que ses deux collègues et amis Edgar Quinet et Adam Mickiewicz. De même, refusant de prêter serment à l’Empire, il perd sa place aux Archives. De la mi-1852 à octobre 1853, il vit à Nantes, dans la propriété de la Haute-Forêt, tout près du boulevard qui porte aujourd'hui son nom[11],[12], où il est en contact avec les milieux républicains, en particulier avec Ange Guépin. Il poursuit son histoire de la Révolution française jusqu'à la chute de Robespierre. En octobre 1853, les Michelet partent pour quelques mois en Italie, puis reviennent à Paris.
Alors que la rédaction de sa grande œuvre historique se poursuit, une foule de petits livres assez surprenants l’accompagnent et la diversifient. Parfois, il s’agissait de versions plus étendues de certains passages, parfois de ce qu’on peut appeler des commentaires ou des volumes d’accompagnement.
Michelet n'a pas vécu assez longtemps pour achever sa dernière grande entreprise, une vaste fresque du XIXe siècle. On trouva sur sa table de travail le troisième volume entièrement fini, incluant la bataille de Waterloo. Si certains pensent que sa meilleure critique est peut-être contenue dans l’incipit du dernier volume – « l’âge me presse » –, on peut dire également qu’il est mort comme il avait vécu : en travaillant.
À la suite de deux attaques d'apoplexie en 1871 à Pise et à Florence, Jules Michelet est diminué et a les mains paralysées. Il meurt le 9 février 1874 d'une crise cardiaque qui le terrasse en quatre jours. Il souhaite être enterré sans cérémonie religieuse et, conformément à ses volontés, est d'abord inhumé au cimetière d'Hyères[13].
À la demande de sa veuve, il est inhumé le 18 mai 1876 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (division 52) lors de funérailles officielles et publiques organisées par Gabriel Monod. La police estime que 10 000 personnes suivent le cortège funéraire depuis l'appartement de Michelet rue d'Assas jusqu'au Père-Lachaise[14].
Son tombeau, élevé par souscription internationale et inauguré en 1882, est l’œuvre du sculpteur Antonin Mercié, sur les dessins de Jean-Louis Pascal[15]. Michelet est représenté sous forme de gisant, devant une vue de l’Institut et une Muse allégorique qui indique du doigt l’épitaphe : « L’histoire est une résurrection[16] ».
Marié par obligation le 20 mai 1824 à Pauline Rousseau (1792-1839), fille du ténor Jean-Joseph Rousseau, elle lui donne deux enfants, Adèle (1824-1855) et Charles (1829-1862)[17]. Elle est gaie et jolie mais manque de culture et Michelet la délaisse rapidement pour son travail et sa carrière. Pauline boit et meurt de la tuberculose le 24 juillet 1839[18].
Il a une liaison platonique à partir de 1840 avec Françoise Adèle Poullain-Dumesnil, châtelaine de Vascœuil et mère de l'un de ses élèves Alfred Dumesnil qui se mariera avec sa fille Adèle. De 1842 à 1848, Michelet a deux amours ancillaires avec les bonnes Marie et Victoire[19].
Le 19 mars 1849, il se marie avec Athénaïs Mialaret, fille du secrétaire de Toussaint Louverture, femme douée de certaines aptitudes littéraires, et aux sympathies républicaines, qui semble avoir davantage stimulé ses capacités. Elle lui donne en juillet 1850 un fils, Yves-Jean-Lazare, qui ne vit que quelques semaines. À la mort de Michelet, elle contribuera à la fabrication posthume du « pape de l'histoire »[20].
Michelet semble avoir un goût presque exclusif pour l'œuvre des philosophes des Lumières : Locke (sa thèse latine), Condorcet, David Hume. Mais au-delà de l'évidente filiation intellectuelle qui le relie aux lumières (Voltaire et Montesquieu étaient parmi ses favoris), d'autres philosophes l'ont profondément inspiré, et tout particulièrement Leibniz.
Bien que Lucien Febvre lui ait donné un rôle populiste et progressiste[21], Jules Michelet est resté assez réfractaire sur son siècle. Il affirme dans son Histoire du XIXe siècle un pessimisme convaincu, proche d'autres historiens de la IIIe République, comme Taine et Ernest Renan[22]. « Notre siècle par ses grandes machines (l'usine et la caserne) attelant les masses à l'aveugle, a progressé dans la fatalité […] Au fatalisme de 1815 et d'Hegel succède le fatalisme médical, physiologique […] Socialisme, militarisme et industrialisme »[23]. Il s'opposera à tous les monismes socialistes à propos de l'histoire de la Révolution française[24]. Dans Le Banquet, il reproche aux socialistes de s'abandonner à la religion en les suspectant d'ultra-cléricalisme[25].
Il fut le premier représentant de l'historicisme en France, bien avant l'école des Annales. Dans une citation fameuse, il définit l'histoire comme une « résurrection »[26].
Dans Quelques-uns parmi les meilleurs il traitait des sciences naturelles, sujet nouveau pour lui, auquel on dit que sa femme l'avait amené. Le premier d’entre eux était Les Femmes de la révolution, esquisses détachées de sa grande histoire (1854), où la faculté naturelle et inimitable de Michelet pour le dithyrambe laisse trop souvent la place à l’argumentation ennuyeuse et peu concluante qui fait penser à une prédication. Dans le suivant, L’Oiseau (1856), il se découvrait une veine nouvelle et très réussie. Ce sujet de l’histoire naturelle ne fut pas traité du point de vue de la science tout court, ni de celui du sentiment, ni de l’anecdote ou des commérages, mais de celui du panthéisme démocratique fervent de l’auteur.
Michelet restait fidèle à son système d’études psychologiques. Comme historien, il cherchait l’âme des faits ; dans ces ouvrages il rechercha l’âme de l’insecte et de l’oiseau. Taine écrivit : « L’auteur ne sort pas de sa carrière ; il l’élargit. Il avait plaidé pour les petits, pour les simples, pour le peuple. Il plaide pour les bêtes et les oiseaux. »
Ces œuvres remarquables, mi-pamphlets, mi-traités moraux, se succédèrent de façon ininterrompue pendant cinq ou six ans, à douze mois d’intervalle généralement. L’Amour (1859), un des livres les plus populaires de l’auteur fut suivi par La Femme (1860), un livre sur lequel, selon l’Encyclopædia Britannica, on pourrait fonder une critique entière de la littérature et du caractère français, et où Michelet ne fit que distinguer le plaisir sensuel de la passion amoureuse et de l’union de deux cœurs.
À l’homme réconcilié avec les animaux (L’Oiseau et L’Insecte), puis avec lui-même (L’Amour et La Femme), il ne restait plus qu’à apprendre l’amour de la création. Tels furent les buts de La Mer (1861) et de La Montagne, publié quelques années plus tard.
Dans un autre genre parut en 1862 La Sorcière. Développé à partir d’un épisode de l’histoire, il porte au plus haut degré toutes les étrangetés de l’auteur. C’est un cauchemar et rien de plus, mais un cauchemar de la plus extraordinaire vraisemblance et puissamment poétique. Il y démontra en effet avec audace la fonction utile et salutaire de la sorcière au Moyen Âge face au savoir officiel détenu et édicté par l’Église.
Cette série, dont chaque élément était en même temps une œuvre d’imagination et de recherche, n’était pas encore terminée, que les derniers volumes révélèrent un certain relâchement. L’ambitieuse Bible de l’humanité (1864), une ébauche historique des religions, a tout sauf peu de valeur. Dans La Montagne (1868), le dernier de sa série d’histoire naturelle, les effets de style du genre staccato sont poussés plus loin même que ceux de Victor Hugo. Nos fils (1869), le dernier de la suite des petits livres publiés durant la vie de l’auteur, est un traité de l’éducation, fidèle à l’Émile de Jean-Jacques Rousseau, écrit avec une grande connaissance des faits et avec les habituelles largeur et profondeur de vue de Michelet, et cela malgré des capacités d’expression déclinantes.
On retrouve ses pleines capacités dans un livre posthume, Le Banquet, publié en 1878. L’image des populations industrieuses et affamées de la côte ligure est (qu’elle soit vraie ou non) une des meilleures choses qu’ait faites Michelet. Pour compléter cette liste d’ouvrages de tous les genres, on peut mentionner deux volumes d’extraits ou d’abrégés, écrits et publiés à différentes occasions : Les Soldats de la révolution et Légendes démocratiques du Nord, où il expose l’héroïsme des peuples européens pour gagner leur liberté.
La publication de cette série de livres, et l’achèvement de son Histoire, occupèrent Michelet durant les deux décennies du Second Empire. Il vécut en partie en France, en partie en Italie, et avait l’habitude de passer l’hiver sur la Côte d’Azur, surtout à Hyères. Enfin, en 1867, la grande œuvre de sa vie fut achevée. Dans l’édition habituelle elle occupe dix-neuf volumes. Le premier de ceux-ci traite de l’histoire ancienne jusqu’à la mort de Charlemagne, le second de l’époque qui vit l’apogée de la France féodale, le troisième du XIIIe siècle, le quatrième, le cinquième et le sixième de la guerre de Cent Ans, le septième et le huitième de l’établissement du pouvoir rural sous Charles VII et Louis XI. Le XVIe et le XVIIe siècle sont traités chacun en quatre volumes, dont une grande partie n’est liée que de façon lointaine à l’histoire de France proprement dite, surtout dans les deux volumes intitulés Renaissance et Réforme. Les trois derniers volumes continuent l’histoire du XVIIIe siècle jusqu’au déclenchement de la Révolution.
L’hostilité sans compromis de Michelet envers le Second Empire n’empêcha pas que sa chute et les désastres qui l’accompagnèrent le stimulassent encore une fois pour le pousser à agir. Non seulement il écrivit des lettres et des pamphlets durant la guerre, mais lorsqu’elle fut achevée il entreprit de compléter par une Histoire du XIXe siècle la gigantesque tâche qu’il s’était assignée et que ses deux grandes histoires avaient déjà presque terminée. Concernant sa carrière publique, la nouvelle république ne lui rendit pas entièrement justice, refusant de lui redonner son professorat au Collège de France, dont il prétendait n’avoir jamais été légalement privé.
Les Origines du droit français, cherchées dans les symboles et les formules du droit universel de Michelet furent éditées par Émile Faguet en 1890 et la seconde édition parut en 1900. Voir Gabriel Monod, Jules Michelet : Études sur la vie et ses œuvres (Paris, 1905).
L’historien a joué un rôle dans la popularisation du personnage de Jeanne d'Arc. Pour les diverses tentatives de récupérations politiques et religieuses du personnage de Jeanne d'Arc où Michelet joue un rôle important, voir l’article Mythes de Jeanne d'Arc.
C'est surtout par rapport à Michelet que les historiens François Furet et Denis Richet ont déclaré que « L'histoire après tout, n'est pas une école de morale »[27]. Jules Michelet est considéré, à part pour son étude du Moyen Âge, comme un des auteurs de l'histoire officielle (en raison de son travail historique mandaté par Louis-Philippe et de son manque de rigueur sur les faits historiques, expliqué plus haut).
L'historien Pierre Chaunu, dans ses entretiens avec François Dosse, porte ce jugement : « connaissez-vous quelque chose de plus nul que Michelet ? […] le culte de Michelet… soit…, il est vrai qu'il y a de belles pages, mais sur le plan de la recherche historique, c'est nul[28]. »
L'historien Louis Chevalier, dans son introduction aux Paysans, de Balzac, lui reproche son manque de rigueur et ses critiques injustifiées : « Les conceptions historiques de Balzac sont celles de la plupart des historiens. Non de tous comme le montre l'indignation de Jules Michelet de voir Un peintre de genre s'amuser à peindre une taverne de valetaille et de voleurs et, sous cette ébauche hideuse, écrire hardiment un mot qui est le nom de la plupart des habitants de la France. Le malheur est qu'aucun historien ne trouvera jamais dans les Paysans de Michelet ce qu'il découvre dans ceux de Balzac […][29] »
Conçus par Jules Romains comme la synthèse ambitieuse et multiforme de vingt-cinq années de vie française entre 1908 et 1933, Les Hommes de bonne volonté constituent l'un des ensembles romanesques majeurs de notre temps. De très nombreuses destinées, entrecroisées ou parallèles, animent, au cours d'aventures tragiques ou légères, sentimentales ou comiques, ce tableau panoramique d'une époque confrontée à une page capitale de son histoire : Louis Bastide, l'enfant de Montmartre au cerceau enchanté ; le délicieux chien [...] Macaire, découvrant à ras de terre un Paris insolite ; Quinette, le relieur criminel plongé dans la fatalité de ses entreprises ; le parlementaire idéaliste Gurau, qui affronte les financiers sans scrupules du Cartel pétrolier et les coquetteries de la jolie Germaine Baader ; Haverkamp, l'affairiste, à qui la création d'une station thermale prépare un destin hors du commun ; les deux normaliens : Jallez, dont le récit des amours enfantines avec la jeune Hélène trace une poétique description de Paris ; Jerphanion, que le rêve d'une société débarrassée de ses féodalités n'empêche pas de conquérir le cœur d'une petite modiste, Jeanne. D'autres encore : Laulerque et Clanricard, les instituteurs, qui partagent avec Sampeyre, leur maître en " bonne volonté ", l'espoir d'un monde pacifié... Par son tournoiement maîtrisé de personnages aussi divers qu'attachants, le vaste roman de la maturité de Jules Romains demeure un témoignage inégalé sur les songes, les tourments et les aspirations d'une génération. Olivier Rony.
211 pages. Nombreuses illustrations en noir et blanc dans le texte et hors texte. Livre légèrement deboité. Etat d'usage Couv. convenable Intérieur acceptable In-8 Carré Broché