En exposant le mythe de la caverne, Platon prépare, sans le savoir, un rapprochement entre cinéma et philosophie que Godard formulera de façon impérative : Je pense, donc le cinéma existe . Pourtant, le cinéaste fabrique des images et des sons bien matériels quand le philosophe manie des concepts invisibles et abstraits. Et lorsque le cinéma naît à la fin du XIXe siècle, il est considéré comme un divertissement populaire et les philosophes ne se précipitent guère sur son berceau. Comment ces deux domaines hétérogènes, jeune [...] art du mouvement d'un côté, connaissance conceptuelle ancestrale de l'autre, ont-ils fini par se rencontrer ? C'est ce que Juliette Cerf nous raconte à la manière d'une comédie du remariage, chère à Stanley Cavell. Passé le temps des désaccords, vient celui du réaccord . André Bazin, philosophe d'occasion selon le mot de Jacques Rancière, pose la question de l'essence du cinéma. Au temps de la cinéphilie, Godard, Rivette, Rohmer, Douchet, Daney convoquent Platon, Kierkegaard ou Merleau-Ponty au chevet des auteurs, Rossellini, Lang, Hawks ou Hitchcock. La philosophie investit désormais le cinéma, Deleuze, renouant avec Bergson, crée le concept de l'image-temps, et Matrix est évalué à l'aune de la pensée grecque. Cet ouvrage révèle des rapports passionnés et souvent surprenants entre Sartre et John Huston, Heidegger et Resnais, Slavoj Zizek et John Woo... Sans oublier les débats de cinéphilo, qui ont pris place aujourd'hui dans ces cavernes modernes que sont aussi bien salles d'Art et d'Essai que multiplexes.
C'est à travers l'importation d'un genre populaire, le film de kung-fu, et d'une star internationale, Bruce Lee, que les spectateurs occidentaux ont fait connaissance avec le cinéma chinois dans les années 70. Au cours des 15 dernières années, les films chinois ont gagné toutes les grandes récompenses internationales, conquis le grand public, et transformé de manière irréversible le cinéma d'action, à Hollywood comme partout ailleurs. S'il est légitime aujourd'hui de parler d'un cinéma chinois - il existe un monde chinois, une [...] culture chinoise, reflétés par le cinéma qui en est issu - il va bien, en fait, quatre cinémas chinois : ceux de Chine continentale, de Hong-Kong, de Taiwan et de la diaspora chinoise, dotés chacun d'une identité spécifique. L'ouvrage retrace un siècle d'histoire jalonné d'œuvres exceptionnelles incarnées par des figures marquantes. On peut citer en Chine Le Roi des enfants de Chen Kaige, Epouses et concubines de Zhang Yimou, The World de Jia Zhangke ; à Hong Kong : L'Hirondelle d'or de King Hu, The Killer de John Woo, In the Mood for love de Wong Kar-wai ; à Taiwan Le Maître de marionnettes de Hou Hsiao-hsien, Yiyi de Edward Yang. Jean-Michel Frodon met en évidence les principaux traits stylistiques du cinéma chinois, leurs relations avec la culture de cette région du monde, les multiples apports spécifiques de la Chine au langage cinématographique.
Une ombre entrevue, imaginée, le surgissement d'une créature d'outre-tombe, d'un monstre aux chairs assemblées par d'horribles cicatrices, un vol d'oiseaux familiers qui fond sur d'innocents écoliers... La raison vacille, la peur surgit... Tout le monde reconnaît là le point de départ d'un film fantastique. Pourtant, tout ce qui semble échapper au rationnel ne relève pas du fantastique. Issu d'un genre littéraire né au début du XIXe siècle avec Hoffwann et ses Contes fantastiques, Mary Shelley ou Edgar Poe, le fantastique a des [...] frontières bien précises qui ne sont pas simplement celles d'un genre. Franck Henry suit son émergence régulière à travers l'histoire du cinéma : expressionnisme allemand, âge d'or Universal des années trente, épouvante gothique britannique des années 50-60 ( la Hammer ), série B, science-fiction sur fond de guerre froide, blockbusters des horror pictures, effets spéciaux et nouveaux mythes des dernières décennies... Il nous fait rencontrer Nosferatu, Dracula, la Créature de Frankenstein, Jekyll et Hyde, King Kong, Alien, Terminator, loups-garous, zombies et profanateurs de sépultures..., leurs interprètes mythiques ( Lon Chaney, Bela Lugosi, Boris Karloff, Christopher Lee, Peter Cushing, Johnny Depp... ), leurs auteurs ( F.W. Murnau, Tod Browning, Terence Fisher, Jacques Tourneur, John Carpenter, George Romero, David Lynch, M. Night Shyamalan, Bong Joon-ho... ), et leurs techniques. Une bibliographie et une filmographie sélectives complètent l'ouvrage.
La définition même du décor de cinéma porte en elle un paradoxe : pour être réussi il se doit de passer inaperçu, la création personnelle du décorateur s'efface au profit du film, c'est l'art suprême de l'illusion. Il interprète et reproduit un monde né de l'imagination d'un réalisateur, d'un scénariste. Production designer ou art director pour les anglo-saxons, architekt pour les germaniques, artiste-peintre pour les slaves, le décorateur, selon l'expression en vigueur dans le cinéma français, est au croisement de plusieurs [...] arts. Son rôle est d'inventer et de réaliser un espace qui permet au cinéaste d'élaborer sa mise en scène, le cadrage, la place de la caméra, avec le minimum de contraintes, le maximum de liberté. Cet espace peut être élaboré à l'aide de décors construits en studio, de décors aménagés en extérieurs naturels ou aujourd'hui d'images numériques. Cet ouvrage parcourt l'histoire du décor, depuis la toile peinte et le panneau de staff jusqu'au virtuel en 3D ; il présente le travail des grands décorateurs comme Mallet-Stevens, Meerson, Trauner, Barsacq, Douy, Gibbons, Ferretti, Saulnier, et donne la parole aux créateurs d'aujourd'hui tels Pierre Guffroy, Pierre Buffin, Benoît Barouh, Patricia de Brandenstein, Michel Vandestein... Car le décor n'est pas l'apanage d'un âge d'or passé du cinéma de studio, c'est un art bien vivant qui s'enseigne, se transmet et renouvelle sans cesse ses champs de création en fonction des évolutions technologiques du cinéma.